« Je vous annonce une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple. Aujourd’hui vous est né un Sauveur. Il est le Messie, le Seigneur. »
Les temps qui s’annoncent sont terribles.
Trouvât-on, et j’en doute, une parade rapide et juste au djihadisme, que cela n’enraierait pas les milliers de cancers à cause environnementale qui avancent – en crabe, évidemment – dans nos corps, ni les inondations qui cette semaine, ont dix fois plus tué que l’assassin des rues de Berlin, ni la sécheresse, ni la famine, ni le grand banditisme, ni l’eau souillée ni les mers mortes, ni tout le reste.
Voici où nous en sommes, vingt-sept ans après « la chute du mur ». Rappelez-vous décembre 1989 : nous assistions en direct à la télévision à la chute de l’infâme dictature de Ceaucescu, la dernière de l’Est. Et dans les années qui avaient précédé, nous avions vu tomber aussi, sans effusion de sang, les juntes fascistes d’Amérique du Sud, les despotismes sanguinaires d’Haïti ou des Philippines. La guerre au Liban, la guerre Iran-Irak avaient pris fin. Le vent de l’histoire soufflait à enivrer, balayant les vieilles brumes.
Il y avait bien eu Tian an men. Nous espérions que ce n’était que partie remise. C’était si à contre-courant ! Non, à n’en pas douter, sous peu, ce serait la paix et la justice, partout, toujours.
Nous n’avons pas rêvé longtemps. Dès 1991, à cette stupéfiante nouvelle : « l’Irak a envahi le Koweït ! » nous avions compris. De la liberté, pouvait naître aussi bien le chaos que la paix. Mais n’empêche. Il a fallu le Onze-Septembre pour comprendre que ce siècle serait celui du terrorisme et du chaos total des guerres asymétriques.
Nous y sommes toujours. Pour combien de temps ? D’autant plus impossible à dire que nous ne savons pas ce qu’il faut faire, sauf à fantasmer de verser, à notre tour, dans la violence de masse. Bref, déclencher nous-mêmes, à titre préventif, ce que nous voulons éviter.
Et à quoi bon ? Les années 70 l’avaient assez montré : la tension inhérente aux sociétés industrielles urbaines, univers de compétition, d’exploitation, et de crise permanente, l’entassement dans les villes, est tout à fait capable d’engendrer une violence, une barbarie et pour finir un terrorisme tout à fait sui generis. L’Histoire de notre continent montre assez qu’on sait parfaitement s’y égorger non stop entre authentiques Blancs chrétiens de souche et de tout ce que vous voulez. Et pas qu’un peu.
Personne n’a la clé (à lui tout seul). Si un jour, un type prétend l’avoir en montrant les muscles, fuyez. Si un jour, ici, je prétends l’avoir, cessez de me lire.
Là où je voulais en venir, c’est que notre monde, dur, dangereux, peut-être pire que le précédent et sans aucun doute bien plus dur et dangereux que ce dont nous avions rêvé il y a vingt-cinq ans, n’est pas pire et pas moins concerné par la venue du Sauveur que la Palestine sous Auguste. Ce que nous professons, ce que nous proclamons, ce en quoi nous espérons n’est pas du folklore, ni du décorum, que « le réalisme » commanderait de laisser de côté. Ce n’est pas du flan, ni d’ailleurs on ne sait quel béni-oui-ouisme cuculiforme. Il n’y a pas « les petits anges cuicui les petits oiseaux, c’est bien gentil mais ».
S’Il vient, c’est précisément dans et pour les temps troublés. C’est pour les peuples qui marchent dans les ténèbres et les habitants du pays de l’ombre. Il ne vient pas comme la bûche aux marrons après le festin d’huîtres et de dinde. Il vient pour un peuple dans l’attente, qui ne connaissait plus de prophètes, qui avait déjà vu raser une fois la ville et le temple et qui avait les Romains sur le dos.
S’Il vient, c’est pour notre temps. Toujours exact au rendez-vous.