Tweetoizo n°7: le Gobemouche noir

Publié sur @Taigasangare le 2 septembre 2014

Il est probable que vous n’ayez jamais entendu parler de cet oiseau-là, et que vous ne l’ayez jamais vu non plus.

L’amusant, c’est qu’il est en revanche probable que vous l’ayez déjà entendu, et même que vous l’entendiez chaque année à date fixe.

Ne faisons pas durer le suspense. Il s’appelle le Gobemouche noir.

Au physique, pour la taille et la silhouette, il ressemble au Rougegorge. Même bec fin d’insectivore, même œil noir donnant un air éveillé.

Maintenant, repeignez tout le dessous (ventre, gorge, jusqu’au bec) de votre Rougegorge en blanc pur.

Repeignez calotte, joues, dos, ailes et queue en gris très sombre à noir, avec un large coup de blanc au centre de l’aile.

Vous aurez alors un Gobemouche noir en plumage nuptial tout ce qu’il y a de présentable.

En voici un, modèle jeune de l’année. Gobemouche noir

Maintenant, la voix. Rendez-vous sur Xeno-Canto, un site bien utile qui contient des milliers d’enregistrements d’oiseaux.

Maintenant, cherchez un enregistrement noté « Call » (cri). C’est ce qui nous intéresse pour l’instant.

Gardez cet onglet ouvert, nous en aurons encore besoin tout à l’heure.

« Tseep… Tseep… Tseep… » Cela vous dit quelque chose, non ? Tout à l’heure, dans le parc que vous avez longé.

Ou était-ce ce week-end dans les grands arbres le long de la rivière près de laquelle vous faisiez votre footing ?

Partout ! Il y en a partout, dès qu’il y a des arbres – des feuillus. S’il s’agit du rideau d’arbres qui borde un cours d’eau, c’est mieux.

Par contre, dans quinze jours, vous n’entendrez plus rien. Nous sommes en pleine migration d’automne chez les gobemouches.

Et cette espèce a ceci de remarquable que son passage, surtout l’automnal, est très concentré dans le temps.

On peut observer des Gobemouches de passage dès début août, et jusqu’en octobre, mais le pic de début septembre est spectaculaire.

Dans un grand parc boisé, on peut compter 20, 30, 50 gobemouches en une paire d’heures de balade, tous repérés au cri.

Mais dites, ce serait quand même dommage de ne pas chercher à le voir ! Là ! regardez, ça bouge dans le haut du peuplier.

Hop ! vous avez vu ? Tout d’un coup, une petite cabriole, un coup d’aile, et il se repose sur la même branche, ou celle d’à côté.

Que fait-il ? Et bien, il gobe les mouches, tiens ! C’est son mode de chasse. A l’affût, au passage d’un insecte, un petit bond, et toc !

Ce comportement est assez typique des Gobemouches ; les Rougequeues (espèces cousines) le font aussi.

« Mais dites, il est censé être noir et blanc. Moi j’ai vu que du gris ! » Bien vu ! Après la mue d’été, le Gobemouche noir vire au gris.

(Rappelez-vous : tous les oiseaux renouvellent intégralement leur plumage en été. D’où leur discrétion à cette saison.)

Il conserve les mêmes contrastes que sur son plumage de printemps, mais le presque noir vire à un gris presque beige.

Du moins chez le mâle, seul à avoir droit au smoking. La femelle présente un plumage gris et blanc en toute saison.

Et encore ! dans certaines populations, par exemple en forêt de Haguenau, on trouve beaucoup de mâles gris toute l’année.

Non, cela ne signifie pas qu’ils s’adonnent à l’éthylisme mondain du jour de l’An à la Saint-Sylvestre, chenapans.

Nos gobemouches de septembre sont donc des migrateurs de passage, et toujours pépiant et chassant les insectes, ils vont glisser vers le sud.

Suivra une longue et meurtrière traversée du désert avant un hivernage en Afrique tropicale. Où exactement ? Mystère.

On a bagué quelques centaines de poussins en Alsace, mais faute de reprises de ces oiseaux, leurs quartiers d’hiver demeurent inconnus.

Ce qui est sûr, c’est qu’une nouvelle mue, partielle, du plumage, rendra aux mâles « modèle noir » leur plumage dit nuptial.

Les gobemouches entameront la remontée et retrouveront l’Europe à partir de début avril. Le passage est plus diffus, plus discret aussi.

Il n’y a pas de temps à perdre. Il faut rejoindre les sites de nidification au plus vite, arriver avant les rivaux !

Ces sites, quels sont-ils ? Principalement les grandes forêts feuillues riches en vieux chênes du nord et de l’est de l’Europe.
Les vastes forêts polonaises, par exemple, sont très riches en Gobemouches – pas que Noirs, d’ailleurs.

Notre pays est moins bien loti. Le Gobemouche noir y est présent de manière diffuse, en plaine, piémont, collines, toujours en forêt.

La forêt de Fontainebleau, mais surtout la Lorraine et les Vosges du Nord en abritent de belles populations.

Il est commun en forêt de Haguenau, en Alsace, une forêt dont la structure ressemble aux grands massifs d’Europe du nord.

Il aime aussi les vieilles châtaigneraies du Vivarais et des Cévennes. Le voilà dans les futaies du Bourbonnais, de l’Orléanais…

Par contre, il manque en Bourgogne, Franche-Comté, Normandie… Souvent, il est présent de manière très éparse, et peu connu.

L’ennui, c’est qu’il est très discret. Il chante un peu, au moment de se cantonner, c’est-à-dire de clamer « Ici, c’est chez moi ».

Chez lui, c’est une vieille parcelle de chênes centenaires au sous-bois dégagé, par exemple.

Des trous dans les vieux arbres où l’on pourra nicher, et sous les hautes branches, de belles zones de chasse aux insectes.

Le chant évoque un peu celui d’un rougegorge enroué chantant au ralenti. Reprenez la page Xeno-canto et cette fois-ci, choisissez « Song ».

Une fois Madame séduite et disposée à adopter la cavité choisie par le mâle…

… cavité d’autant plus appréciée que l’ouverture en est étroite et malaisée pour un prédateur (martre, muscardin…)

…elle aménage le nid, y pond une sizaine d’œufs et les couve deux petites semaines. L’élevage en durera trois.

L’essentiel du boulot est assuré par Madame, d’autant plus que Monsieur est polygame.

Oui, question #gender il y a à redire aux mœurs du Gobemouche noir ! Le mâle parade pour attirer une femelle vers une cavité.

Passée l’étape « venez voir mes estampes japonaises » interdite aux moins de 18 ans, ce goujat remet le couvert avec une autre.

Il viendra vaguement ravitailler la première de ses partenaires, puis leur nichée. Les autres devront se débrouiller entièrement seules.

Le Gobemouche noir chasse somme toute assez peu les mouches. Il préfère traquer les chenilles sur et sous les feuilles.

Ou encore les invertébrés divers au creux de l’écorce. Il n’en manque pas dans les vieilles futaies feuillues.

Rare ou commun le Gobemouche noir ? Difficile à dire. En Europe orientale, lui et son cousin le G. à collier sont fréquents.

Chez nous… on l’a vu, une fois en couple, il se tait. La nidification est très rarement repérée, les densités variables.

Un spécialiste auvergnat des oiseaux forestiers a noté de fortes fluctuations d’année en année, surtout dans les petits massifs.

Il faudrait en conclure que ceux-ci lui conviennent mal. Il aime les immenses forêts de plusieurs dizaines de mille hectares.

Il y aurait, malgré tout, une vingtaine de mille couples en France, mais l’évaluation précise est très difficile.

Le vieillissement global des forêts feuillues d’Europe lui est favorable. Mais sa présence dépend de nos rythmes sylvicoles.

En tout cas, profitez de son passage qui constitue un témoignage spectaculaire du grand phénomène de la migration !

C’est une immense vague de vie qui glisse par une infinité de vaisseaux, comme une sève… et que trop souvent, nous ne remarquons pas.

Cherchez dans les parcs arborés, les promenades du bord des rivières et des fleuves, les vergers, le bocage. Ecoutez. Regardez.

Rêvez aux futaies lorraines ou rhénanes d’où viennent peut-être ces migrateurs. Et repérez la forêt la plus proche pour le printemps !

Tweetoizo n°6: la Cigogne blanche

#tweetoizo publié le 27/8/2014 sur @Taigasangare

DONG DONG DONG DONG DONG ou plutôt en l’honneur de notre volatile: CLAC CLAC CLAC CLAC CLAC

Préambule : ce #tweetoizo n’est pas sponsorisé par un office de tourisme de Haute-Alsace.

Nous n’en allons pas moins parler de la Cigogne blanche.

Je ne vous la présente pas, quand même. Par contre, s’il existe des Cigognes blanches, c’est qu’il y en a aussi des noires.

Bien deviné, mon cher Watson. Parlons-en brièvement : la Cigogne noire ressemble au négatif photographique d’une Cigogne blanche.

Elle n’est pas coloniale ni grégaire. Même en migration, on la voit le plus souvent à l’unité.

Elle niche dans les grandes forêts feuillues, où il est à peu près impossible de la débusquer. Elle est rarissime. Laissons-la de côté.

Notre Cigogne blanche, donc, part en automne, au printemps elle est de retour sur les clochers des alentours, et on la trouve en Alsace.

L’ennui, c’est qu’à peu près rien de tout ça n’est vrai. A tout le moins, c’est très incomplet.

C’est qu’il fut un temps où c’était vrai. Il y a une quarantaine d’années, la cigogne avait pratiquement disparu de France.

Pesticides, disparition des prairies humides, lignes électriques, chasse – notamment en zone d’hivernage… avaient presque eu sa peau.

On ne comptait plus que neuf couples en Alsace, un en Bretagne et un dans la Manche. C’était presque fini.

C’est là qu’eurent lieu les opérations visant à sédentariser de force quelques individus, pour les soustraire aux dangers de la migration.

Il y eut aussi quelques réintroductions. Aujourd’hui, on évalue la population française à pas moins de 1200 couples.

La Cigogne blanche a reconquis d’anciens bastions. Cliquez ici pour découvrir son domaine actuel.

Elle peuple désormais la plupart des marais arrière-littoraux, et pas mal de grandes plaines alluviales, dont l’Alsace bien sûr.

Les Cigognes blanches charentaises sont principalement originaires d’Espagne, et les autres, plutôt de la grande plaine d’Europe du Nord.

Pour en arriver là, bien sûr, il n’a pas suffi de réintroduire des spécimens ni même de les mettre « sous cloche ».

Ce résultat est d’abord celui de mesures de protection de son habitat naturel. C’est toujours la clé, quelle que soit l’espèce. #ecologie

On n’est pas les seuls à aimer la cigogne. Toute l’Europe s’y est mise, et cela porte ses fruits jusque chez nous.

Les zones humides sont un peu mieux préservées, on déverse un peu moins de pesticides, on a adapté les câbles électriques meurtriers.

On a aussi posé des plateformes, pour remédier à l’élimination des vieux arbres isolés où la cigogne aimait nicher.

Vous l’avez deviné : la Cigogne blanche aime la plaine avec ses prés humides, ses champs, et au milieu un large cours d’eau.

Elle a besoin de vastes horizons faciles à arpenter « à pied », riches en insectes, amphibiens, lézards, petits rongeurs.

Les petites proies sont gobées, et la Cigogne dégorgera ultérieurement, sur son aire, une volumineuse pelote de réjection.

Quant au nid, avant qu’on invente les clochers alsaciens ou les plateformes, un gros peuplier faisait l’affaire.

Le nid ! c’est le cœur de la vie de la Cigogne blanche. Elle lui reste fidèle et le renforce, année après année.

Un vieux nid peut peser un quart de tonne et accueillir des locataires tels que moineaux, étourneaux, voire Chouette chevêche !

Le mâle est en général le premier à le retrouver à la fin de l’hiver. Il le défend bec et ong… enfin pattes. Jusqu’au sang.

Quant à la femelle, on a des raisons de supposer que c’est aussi à l’appartement qu’elle est fidèle, plus qu’à son propriétaire.

La défense du territoire n’empêche pas l’espèce d’être coloniale. En Suède, des pylônes haute tension peuvent abriter six nids !

Tout dépend de la richesse en nourriture du territoire environnant. Si la table est servie pour tous, on s’accommode de voisins.

Voici mars, la saison des nids commence. Elle va se dérouler au son des castagnettes. #claclaclac

C’est que la Cigogne ne sait pas chanter, ni même pousser un traître cri. Elle se contente de claquer du bec avec vigueur.

Le sac gulaire – le même organe que la poche du bec du pélican – fait caisse de résonance. C’est très mélodieux. Enfin presque.

La célèbre posture tête renversée en arrière, bec vers le ciel, sert à la fois de « salutation » et de menace. Tout est dans le contexte.

La ponte compte généralement 4 œufs. L’incubation commence dès le premier œuf, d’où une éclosion asynchrone, quelque 35 jours plus tard.

Cela signifie que le cadet de la famille partira avec un sérieux handicap, parfois mortel, sur ses aînés déjà âgés de plusieurs jours.

Mâle et femelle, qui sont d’ailleurs impossibles à distinguer sur le terrain, assurent couvaison et élevage à parts égales.

Il leur faut rapidement ramener plusieurs kilos d’insectes et autres bestioles chaque jour pour nourrir tout leur monde.

Peut-être pour cette raison, les adultes nicheurs, sur les zones de gagnage, oublient les querelles de voisinage.

Tout le monde exploite en bonne intelligence les bons coins à grillons… et les décharges, une ressource très utilisée par certaines.

Le recyclage des ordures ménagères compterait même pour une bonne part dans l’expansion de l’espèce en Espagne.

Je vous passe les détails sur la façon dont la nourriture passe des adultes aux jeunes. Sachez juste que le culot (le cadet…)

… le jour où il ne se montre plus assez réactif, risque fort d’être assimilé à une proie et de passer à la casserole.

Au bout de huit à dix semaines, les jeunes décollent et se dispersent. Ils apprennent à se nourrir – seuls.

Au cœur de l’été, l’heure du départ en migration sonne. Notez bien : dans notre pays, le gros du passage des Cigognes c’est le 15-20 août.

Et donc quand votre presse locale titre un 20 août « Des cigognes ! Que c’est tôt, l’hiver sera précoce et rigoureux », c’est un gros mytho.

Le pis est que les cigognes ne passant pas inaperçues, une recherche dans leurs propres archives le leur eût appris.

Sans le savoir, ils auraient eu en main des données établissant la phénologie de passage migratoire de l’espèce…

Les voici en route. La cigogne vole, mais mal. En fait, comme les vautours, elle sait très bien planer, mais c’est tout.

Elle sait à merveille utiliser les ascendances et glisser de l’une à l’autre. Mais qu’il fasse gris et frais, et c’est la panne sèche.

Même chose en mer. La Cigogne blanche est incapable de traverser l’océan, ou même la Méditerranée, sauf à viser les détroits.

Ainsi, les Cigognes blanches d’Europe n’ont que deux voies possibles vers l’Afrique : Gibraltar ou le Proche-Orient.

Pour découvrir tout cela, on a massivement bagué les cigognes, avec des combinaisons de codes couleur lisibles sur le terrain.

Au tournant du siècle en France, il était même devenu rare de trouver une Cigogne blanche non baguée.

Les jeunes suivent les adultes pour apprendre la voie. En février, le retour sera plus direct et rapide. Droit sur les nids.

Le réchauffement et l’exploitation de nouvelles ressources permettent à un nombre croissant d’individus (~1000) d’hiverner en France.

Ne criez pas pour autant trop vite que « le réchauffement a des effets positifs » : il déséquilibre par ailleurs les chaînes alimentaires.

D’autre part, la cigogne n’est pas tirée d’affaire. Pesticides, lignes électriques mais aussi braconnage…

… pèsent comme autant d’hypothèques sur son avenir. Chaque année, des énergumènes tirent des cigognes…

… ou vont tronçonner le support d’un nid, « pour emmerder les écolos ».

C’est ainsi. une espèce menacée ne se refait pas la cerise toute seule, cela nécessite patients efforts et vigilance constante. #maugrey

Pour encore quelque temps, vous pouvez voir passer les migratrices au-dessus de la France…

Vous pourrez alors, avant de courir saisir la donnée sur votre Visionature local, avoir une pensée pour tout ce qui nous les a ramenées.

Merci d’avoir suivi ce #tweetoizo et à très bientôt pour découvrir un autre migrateur, beaucoup moins connu !

Tweetoizo n°5: le Tarier pâtre

Pour découvrir notre héros du jour, il vous faudra réunir quelques ingrédients.

Prenez quelques belles pâtures à bestiaux, bordées de haies d’aubépine, d’églantier, de prunellier et d’autres arbustes bien de chez nous.

A défaut, une lande sèche, ou même un talus à l’herbe courte, semé de quelques buissons fera l’affaire.

Arrosez généreusement le tout du soleil du mois de mai et vous devriez entendre un petit cri venant de la haie : « Trak… Trak… »

Cherchez à la pointe des arbustes ou sur les piquets de clôture. Vous allez finir par découvrir deux petites boules rousses.

C’est un petit couple de paysans. D’ailleurs, ils s’appellent Tariers pâtres. Ce qui appelle quelques explications.

Mais tout d’abord décrivons-les. La taille et la silhouette ressemblent à celles du Rougegorge, et d’ailleurs, ils sont cousins.

Monsieur ne manque pas d’élégance. Dos brun sombre et tête ébène contrastent avec un plastron carotte et de rutilantes épaulettes blanches.

Camouflage oblige, Madame lui ressemble, mais en version passablement délavée. Une ébauche de collier blanc peut la faire passer pour…

… sa consoeur, Madame Tarier des prés, qu’on peut aussi trouver dans les mêmes milieux, à la même saison, sur un piquet ou un arbuste.

Insectivore, le Pâtre chasse à l’affût. De son perchoir, il guette coléoptères, diptères, papillons et chenilles et leur tombe sur le poil.

Ceux qui ont demandé si les insectes avaient des poils ont gagné le droit de prendre dans leur main une chenille processionnaire. #aïeu

Son attirance pour les prairies pâturées, riches en insectes, lui a valu son nom de « pâtre ». Quant à « tarier », c’est plus compliqué.

Au départ, c’était un Traquet. Le Traquet pâtre. Puis on a découvert que lui et le Traquet tarier, celui qu’on appelle désormais…

… Tarier des prés, étaient cousins entre eux, mais pas avec les autres traquets, comme le Traquet motteux commun dans les alpages.

Du coup, les voilà renommés. Le genre scientifique Saxicola « qui vit dans les rochers » est devenu en français le genre Tarier.

Tarier, de tarière, viendrait de leur propension à creusouiller le sol pour construire leur nid. Ma foi, c’est peu convaincant.

Revenons, sinon à nos moutons, du moins à notre Pâtre.

Dans certaines régions, il est sédentaire. Des couples défendent toute l’année leur coin de prairie.

On peut alors les voir en plein hiver, perchés à peu de distance l’un de l’autre sur leur piquet ou leur arbuste, lançant leurs petits cris.

Plus souvent, il est migrateur. C’est l’un des premiers à revenir. Dès début mars, voire fin février, le mâle retrouve son territoire.

Il chante, bien en vue sur un point haut de son petit domaine, buisson, poteau, voire fil téléphonique. Parfois en un petit vol de parade.

Il pousse une petite phrase aiguë, pressée, un peu confuse, mais qui sent bon le printemps et la campagne, les prés, les fermes.

Rappel : le chant d’un oiseau a deux fonctions: 1/ « Mesdames c’est moi le plus beau le plus fort le père idéal de vos poussins »

2/ « Messieurs, propriété privée, les contrevenants seront poursuivis ». Histoire d’insister, il y a le cri (les fameux trak-trak).

Le soleil, le printemps, toussa… Le voilà qui bombe le torse, étale la queue en éventail, exhibe ses épaulettes. #cestmoilplusbeau

Après la parade et l’accouplement, c’est Madame qui se colle à la construction du nid. Monsieur surveille les alentours. #gender

Le nid est une coupe de végétation assemblée vaille que vaille au sol ou juste au-dessus, bien à l’abri des hautes herbes.

On y accède par un petit tunnel de végétation. Le rembourrage intérieur est fait de poils, de plumes, et de laine de mouton. #ofcourse

Nous voici en avril. Après une quinzaine de jours d’incubation, les poussins ont éclos et la femelle doit les ravitailler.

A ce stade, Monsieur persiste à n’en pas ficher une rame, au motif que, vous comprenez, lui, il fait le guet et à chacun son rôle, quoi.

Je vous avais prévenu qu’il était un peu réac sur les bords. Vous savez, dans les campagnes, toussa. Si m’ame Najat savait ça, quand même.

D’ailleurs, elle a dû venir lui faire la leçon parce que le voilà enfin qui met la main à la pâte. Il faut dire qu’ils grandissent, les bougres.

Au bout de deux semaines, d’ailleurs, ils commencent à déambuler en sautillant autour du nid, toujours à l’abri de la végétation.

Bientôt, ils volettent. C’est donc non plus deux, mais cinq ou six boules rousses qui se piquent à la cime des arbustes.

Tout le monde se tient bien en vue au sommet de la haie. Voilà enfin une nidification qu’on n’aura pas de mal à prouver.

Les parents nourrissent leurs jeunes 4-5 jours après l’envol. Il est facile de les observer. Voyants, bavards, pas discrets pour un sou.

Il faut dire que toutes ces paires d’yeux surveillent aussi les alentours et qu’à la moindre alerte, le couvert de la haie est là.

Cette jolie scène ne dure que quelques jours. Puis les jeunes sont priés d’aller voir ailleurs, car le couple entreprend une seconde nichée.

Les bonnes années, il y en aura même une troisième. Puis tout ce petit monde se disperse à la recherche d’un coin de pré à lui.

Les couples vont souvent rester unis, même les non-sédentaires. On les voit vagabonder ensemble dans la campagne désormais silencieuse.

De vrais couples à l’ancienne, on vous dit. Les deux oiseaux s’éloignent rarement à plus de cinquante mètres l’un de l’autre.

Les Pâtres sont encore, en France, des oiseaux relativement communs. Mais comme tous les petits paysans, leur survie n’est pas assurée.

Souvent, nous ne leur laissons que des recoins, des talus, des bouts de friche dans des paysages tirés au cordeau, d’où la vie se retire.

Il ne cède pas facilement le terrain et se contente de peu, mais le rouleau compresseur du « modernisme » finit par avoir raison de lui.

Ma première obs de Pâtre, c’était en bocage bourbonnais. J’avais huit ans. C’est un oiseau facile à reconnaître même à cet âge.

Ce dédale de prés, de hautes « bouchures » de chêne, et de ruisseaux a tout pour lui plaire. Alors, perché sur son fil, il chantait la Vie.

C’est la bonne période pour partir à la rencontre du Pâtre dans sa haie. A vous de jouer !

Ah, oui, gardez une petite distance de sécurité. S’il commence à trop alarmer, reculez-vous un peu.

Et voilà ! Merci d’avoir suivi ce #tweetoizo 100% terroir, djéundeure et réaque. Ne dites rien au gouvernement.

Tweetoizo n°4: le Faucon pèlerin

Tweeté le 20 mars 2014 sur @Taigasangare

Quelque part entre ciel et terre, elle couve.

Quelque part sur l’immensité de cette falaise, de ses vires, ressauts, corniches, pins nains et joubarbes poussés en jardins suspendus.

Ou bien entre les gargouilles de la cathédrale, ou même dans cette curieuse boîte en saillie sur la façade d’une très hype tour de bureaux.

De temps en temps, une série de cris aigus la tire de sa somnolence. Arrive un oiseau gris au capuchon noir, une boule informe aux pattes.

Il n’est pas plus gros qu’un pigeon de ferme. Il vole vite, avec ses ailes en faux. Il dépose la proie sur une corniche.

La femelle Faucon pèlerin se lève et vient dépecer la proie que vient de lui apporter le mâle: un merle, un étourneau, une mésange.

Il est plus petit que sa compagne d’un bon tiers. Aussi son relais sur la ponte est-il médiocrement réussi. Il couvre mal les œufs.

La femelle reprend les choses en main. Le partage, d’accord, mais chacun son rôle principal. A elle, l’incubation et la sécurité du nid.

A lui, la chasse. Le voilà qui se place à l’affût sur un piton. Nous allons pouvoir l’observer.

Dans nos jumelles, son capuchon noir prolongé d’une longue « moustache » contraste avec la poitrine claire et le dos gris ardoisé.

Le ventre est finement strié dans le sens horizontal. Des zébrures verticales et plus grossières indiqueraient un oiseau immature.

De si loin, nous pouvons à peine remarquer la taille impressionnante de l’œil et la « dent » qui prolonge la mandibule supérieure du bec.

L’œil du Faucon pèlerin est si gros que si nous avions le même, il atteindrait la taille d’un pamplemousse.

Il est également beaucoup plus performant pour remarquer des formes sombres évoluant sur un fond de même.

Les serres de l’oiseau sont longues, élancées, faites pour se projeter au loin et lier une proie en plein ciel.

Quant à la dent, je ne vous fais pas de dessin sur son utilité, n’est-ce pas ?

Attention ! voici le mâle qui bascule dans le vide. Il s’élance, à coups d’aile énergiques. Son accélération est déjà sensible.

Il décrit un large cercle dans le ciel. Où va-t-il donc ? Le suivre devient difficile.

Soudain, sans crier gare, la trajectoire s’incurve vers le bas. L’oiseau replie ses ailes et adopte la forme d’un obus.

L’accélération est foudroyante. On a peine à croire qu’il s’agit d’un être vivant.

De près, nous verrions le bout des rémiges battre, augmentant encore la vitesse et contrôlant la direction.

Une cabriole, une deuxième, nous n’avons rien vu venir et voici déjà le mâle qui remonte lentement, un étourneau dans les serres.

Revoyons la scène au ralenti. La première phase constitue le vol de placement. Le faucon cherche un point d’où lancer l’attaque.

Pendant toute cette phase, la future proie ne peut même pas savoir que quelqu’un, dans le ciel, se pourlèche déjà le bec à ses dépens.

Puis le Pèlerin met en œuvre toute sa puissance. Il se lance dans un semi-piqué rectiligne qui l’amène près de sa proie à près de 200km/h.

Deux situations se présentent alors. Si la proie n’a rien vu venir, tout est simple. Le faucon freine en ouvrant les ailes.

La différence de vitesse est désormais assez faible. Le faucon n’a plus qu’à projeter ses longues serres en avant et « lie » sa proie.

Cette fois-ci, l’étourneau a entendu in extremis le sifflement du chasseur lancé à ses trousses. Il a basculé et piqué.

Le faucon a suivi, achevant sa course d’un piqué secondaire quasi vertical, et rattrapé sa proie à pleine vitesse.

Il a alors lancé ses serres en avant, et porté un coup sec d’avant en arrière sur le dos de la proie, labourée et tuée sur le coup.

La Nature offre peu de spectacles comparables aux chasses du Faucon pèlerin. Certains piqués presque verticaux dépassent 300 km/h.

Le plan de l’attaque varie sans cesse, en fonction de la topographie, de la proie et de ses réactions… Les proies se défendent, aussi.

Les grands vols sont ainsi rarement attaqués, car le faucon « sait » qu’il sera sans doute repéré par l’une de ses proies potentielles.

Ces dernières usent de diverses manœuvres évasives, crochets incessants, en tâchant de gagner le couvert des toits ou des arbres.

Le Pèlerin, en effet, ne peut chasser qu’en plein ciel. Ses ailes sont taillées pour la vitesse, ce qui requiert de l’espace.

Revenons à notre couple. Plus petit, le mâle n’est pas plus rapide, mais généralement plus agile.

La femelle, plus lourde, plus puissante, est plus à même de défendre le nid, contre d’autres Rapaces ou le Grand Corbeau notamment.

Elle défend ainsi une « bulle » de quelque 600 m de diamètre autour de son nid, contre tout intrus.

Après quarante jours sur la cuvette vaguement grattée du nid, un petit « pip » résonne à travers un œuf.

La femelle répond d’un petit « tiok » et encourage le poussin à briser la coquille. Il est issu du premier œuf. Sitôt pondu, sitôt couvé.

La femelle a pondu ses 4 œufs à un jour d’intervalle et couvé aussitôt : ils éclosent avec le même décalage. Malheur au plus jeune poussin !

Il aura d’entrée un retard de développement significatif sur ses aînés. Plus faible, il se battra moins pour la becquée. #cerclevicieux

Et si les proies manquent, il passera carrément à la casserole. Pendant ce temps, les autres grandissent en force et en sagesse.

C’est toujours le mâle qui assure l’essentiel de la chasse, du moins tant que la femelle doit encore réchauffer les poussins en duvet.

Âgés d’un mois, les jeunes commencent à arborer leur plumage à travers les restes de duvet. Plus roux, et plus strié que celui de l’adulte.

Vers 40 jours, ils se promènent sur l’aire ou dans le nichoir, battent l’air de leurs ailes toutes neuves, frôlent la perte d’équilibre.

Un jour, ils tombent. Miracle ! Les ailes marchent ! Ils volent. C’est l’étape critique. Ce premier envol échoue souvent.

Sur une falaise, on trouve toujours une vire à laquelle se raccrocher. En ville, c’est une autre affaire. Le jeune se retrouve au sol.

Si tout va bien, un ornithologue bénévole est là pour le récupérer et le remonter. Une fois… Deux fois, parfois plus…

Car l’espèce est suivie de près. Dans les années 70, elle a failli disparaître. La chasse et surtout le DDT avaient presque eu sa peau.

Bio-accumulant ce pesticide agricole via ses proies, le Pèlerin était empoisonné ou stérilisé. Les œufs trop minces se brisaient.

D’énergiques actions de protection des nids, l’interdiction de certains pesticides l’ont sauvé. Il recolonise l’Europe, jusqu’en ville.

La population française est passée de 200 à environ 1500 couples. C’est beaucoup mieux. Mais cela reste bien peu dans l’absolu.

Voilà pourquoi les Faucons qui tentent de s’installer en ville reçoivent parfois un « coup de pouce » par la pose d’un nichoir.

On choisit un immeuble déjà fréquenté par l’oiseau. Ensuite, c’est lui qui décide. Des parades au mois de janvier ? C’est (presque) gagné !

Mais ce n’est pas un lâcher, encore moins un achat de « dépigeonneurs bio ». Le Pèlerin ne mange pas tant de pigeons que ça.

C’est une compensation au fait d’avoir construit d’immenses villes si défavorables à la biodiversité. On lui doit bien ce petit retour.

Beaucoup de grandes villes françaises abritent désormais le Faucon pèlerin. Sinon, cherchez les falaises les plus proches !

Peut-être aurez-vous alors envie de rejoindre les rangs de ceux qui ont permis à l’oiseau-bombe de survivre dans le ciel de France…

Voilà! C’est fini pour ce #tweetoizo -bombe… Merci de l’avoir suivi !

Je m’aperçois que j’ai oublié de préciser un truc. Le Pèlerin n’a pas la vie facile: 8 de ses attaques sur 10 échouent.

Du coup, je pensais conclure sur le fait que lui n’aurait pas raté les colombes du #PapeFrancois mais en fait sûrement si.

Et enfin bien sûr: à l’instar d’Hildegarde de Bingen, que contempler la Création nous mène à notre vraie vocation: la Louange! #tweetlouange

Tweetoizo n°3: le Rougegorge familier

En ces temps politiquement troublés, le #tweetoizo pourrait passer pour incongru, gnangnan, voire cuculiforme. Nous sommes tous bookés.

Et après ?C’est justement là qu’il est urgent de dire stop, s’asseoir, ouvrir les mains, les yeux et le reste, et se rendre prêt à recevoir.

N’oublions pas que Sisyphe, lui aussi, était quelqu’un de parfaitement overbooké.

C’est parti pour le #tweetoizo n°3. Cette fois-ci, je gage que vous ne me demanderez pas de photo pour visualiser la bestiole.

En effet, nous allons parler du Rougegorge. Vous voyez ? Maintenant, mettons-le nous aussi dans l’oreille (cliquez ici).

Ecoutez quelques-uns de ces liens. Song pour le chant, call (ou alarm call) pour les cris. Cela devrait vous dire quelque chose aussi.

Mais, me direz-vous, pourquoi y a-t-il un « chant » et des « cris » ? (Et puis même si vous ne le dites pas, je répondrai quand même) #na

Chez les oiseaux, le chant désigne l’émission vocale destinée, primo, à défendre un territoire, secundo, à y attirer une femelle.

Tout le reste relève du cri : d’alarme, de contact, de vol, etc. C’est la fonction qui compte. Il s’ensuit que le chant peut être moche.

Un jour, nous parlerons peut-être de l’outarde. Là, vous verrez ce que je voulais dire par là. #prouett #ouiellefaitça

Revenons à notre Rougegorge. Précisément, lui, il chante. Toute l’année. Même en plein hiver, alors que les autres se taisent.

Avec son plumage couleur feuille d’automne, son chant mélancolique en vient à symboliser la mauvaise saison.

Il fait gris, le vent arrache les dernières feuilles roussies. Sur la haie dépenaillée, le Rougegorge chante. Et pas pour conter fleurette.

Ce si joli chant ne sert donc qu’à une chose : défendre un territoire. Mordicus. Un territoire et ses ressources en invertébrés.

C’est qu’en hiver, la proie se fait rare et engourdie. Il faut la traquer sous l’écorce ou espérer que la bêche d’un jardinier la dévoile.

C’est ce qui incite le Rougegorge à se tenir tout près de nous. Cette grande bête avec son outil, ça fouit et déterre des vers de terre.

En somme, pour lui, l’homme est un sanglier comme un autre. Le Rougegorge y gagne officiellement le qualificatif de familier.

Si vous avez la chance de marcher tous les matins dans un endroit qui n’est pas absolument bétonné, vous avez peut-être remarqué un truc.

Un matin d’octobre, il y a des Rougegorges partout. Même en ville, s’il y a un peu d’espaces verts et de jardins, au lieu d’un, ils sont 6.

C’est qu’il en a plu la nuit. Et oui. Le Rougegorge est migrateur, et en plus, nocturne. Ils sont arrivés d’Europe du nord.

On entend leur tic-tic, puis ceux qui posent leurs valises vont vite se délimiter un pré carré, et chanter pour le défendre.

Vous l’avez compris : ce chant mélodieux, en VOST, ça donnerait très exactement « Marche à l’ombre » de Renaud. #arrachetoidlàcestpastonver

Et nos Rougegorges à nous, ceux qu’on voyait au printemps, ils en pensent quoi ? Et bien pas grand-chose : ils sont partis dans le Sud.

Du coup, si vous voyez et entendez chanter le Rougegorge toute l’année dans votre jardin, en hiver, il change. #etvousnavezrienvu

Comme, de plus, il migre de nuit, c’est grâce au baguage qu’on a pu découvrir ce grand brassage des Rougegorges européens.

Voici donc notre Rougegorge arrivé dans la haie au fond du jardin. Sa mission : survivre à l’hiver qui s’avance.

Chasseur quasi exclusif d’invertébrés comme en témoigne son bec fin, il va chercher insectes et araignées dans l’écorce, les fissures,

… le ver de terre surpris par les travaux du sol, etc. Mettez la terre à nu devant lui : il viendra parfois à vos pieds, au sens propre.

Et bien sûr, il défend son territoire. Il chante, exhibe son plastron rouge au concurrent, lui vole dans les plumes.

Il n’y a pas de miracle : une vague de froid en décimera beaucoup. Il vient parfois à la mangeoire, surtout s’il peut se nourrir près du sol.

Réduit aux dernières extrémités par la neige et le gel, le Rougegorge a même été surpris à pêcher.

Façon esquimau. Par un trou percé d’un coup de bec dans la glace fine d’un cours d’eau, il peut capturer un petit poisson.

Quoi ? Les Esquimaux n’ont pas de bec ? C’est normal. Essayez donc de percer la banquise d’un coup de bec, vous. #mendonnerezdesnouvelles

La mauvaise saison a elle aussi une fin. Mars ramène les migrateurs dans leurs pays de nidification respectifs. #etlesvachessontbiengardées

Le Rougegorge, au printemps, fréquente à peu près les mêmes milieux qu’en hiver. #cestàdire

D’abord la forêt feuillue, à condition qu’il y ait du sous-bois. Mais aussi le bocage, les jardins, les parcs, les espaces verts.

Il lui faut des arbustes et un contexte général plutôt frais et ombragé. Il s’invite en altitude, un environnement qu’il déserte en hiver.

C’est donc un oiseau très commun. Dans les bases des associations locales, la toute première donnée est souvent un Rougegorge.

C’est aussi un peu un indicateur. Plus il y en a, plus cela signifie qu’il y a des haies et des insectes, ce dont bien d’autres profitent.

Notre Rougegorge mâle a un problème. Comment reconnaître une femelle, vu que son plumage et son sale caractère sont identiques aux siens ?

C’est simple : si, quand il défie cet intrus, elle reste là, c’est une charmante demoiselle, qui s’intéresse à lui. #draguepourlestrèsnuls

On observe souvent des offrandes : le mâle apporte un insecte à la femelle qui quémande comme un poussin.

L’accouplement suit rapidement, puis la femelle construit un nid, au sol dans un fourré, ou dans une cavité (arbre, fissure, tas de bois…)

Une demi-douzaine d’œufs sont pondus, fin avril début mai, dans ce berceau d’écorce, crin et lichen très camouflé.

Les nids en hauteur, fourche d’arbre, vieux nid de Merle, sont plus communs en ville, milieu écumé par les chats.

La femelle couve seule, puis les deux adultes nourrissent la nichée. L’incubation dure deux semaines, l’élevage aussi.

Souvent, la femelle entreprend une 2e couvée, laissant le mâle nourrir la première nichée. Celle-ci envolée, il revient auprès de la 2de.

Les jeunes Rougegorges sont d’un curieux kaki tacheté de brun sombre. Dès la mue d’été, ils acquièrent le plumage de l’adulte.

Cette mue « occupe » le Rougegorge en juillet-août. Silencieux, hormis quelques cris, il se tapit dans l’épaisseur du feuillage.

En automne, les chants reprennent. Dispersés, les jeunes défendent leur premier territoire… et la migration commence.

Vous pouvez apprendre à repérer les Rougegorges autour de vous. Combien sont-ils ? Où sont-ils ? Que font-ils ? Quels sont leurs ré… #ohwait

Suivre le calendrier de la Nature à travers celui des Rougegorges autour de nous, une idée pour changer de regard sur notre quotidien !

Tweetoizo n°2: l’Oedicnème criard

Tweetoizo publié sur mon compte Twitter @Taigasangare le 4/9/2013

L’oiseau dont nous allons parler ne se laisse pas découvrir par hasard.

C’est un démenti cinglant au verset qui stipule que qui cherche, trouve. Néanmoins, allons à sa recherche.

En route. Imaginons que nous sommes fin mars et partons dans les champs. A travers la plaine, bien ouverte, sans haies.

Les alouettes assurent le chorus printanier. Sur un piquet, un Bruant proyer grince sa ritournelle. Voici enfin une très jeune céréale.

Comme sur un plateau vert, deux, trois, cinq silhouettes brunes, trapues, se détachent du décor dans nos jumelles.

L’une d’elles, debout, dévoile de robustes échasses jaunâtres, une silhouette d’oiseau coureur, un camouflage beige et blanc, et… un œil.

Un œil énorme. Qui, d’ailleurs, vous a remarqué, espèce de grand échalas brandissant ses besicles en bordure de parcelle.

Le volatile déploie des ailes brunes frappées d’une barre blanche, décolle sans un bruit, les autres suivent.

Toute la troupe, au ras du sol, rame de ses ailes anguleuses et disparaît derrière un pli de terrain. Fini ! C’étaient les oedicnèmes.

Récapitulons : l’Oedicnème criard a la taille d’une belle perdrix, de longues pattes d’oiseau coureur, des ailes pointues, et il a l’œil.

Autrefois, l’Oedicnème habitait les milieux plats et secs. Les steppes, les plages de graviers le long des rivières, les landes rases.

Nos champs lui ont longtemps bien convenu. Pourvu qu’ils ne fussent pas trop denses, ni entourés de trop de haies. Car il aime voir au loin.

Dans l’ensemble, quand il y a des haies, il y a beaucoup plus d’oiseaux que s’il n’y en a pas. Mais pas d’oedicnèmes. #monsieurestexigeant

Il lui faut donc un bel ersatz de steppe, où il puisse courir, se tapir, surveiller, et naturellement, trouver force insectes et autres escargots.

Notre petit groupe de cinq, c’étaient des oiseaux de retour de migration, venus d’Espagne, d’Afrique du Nord ou du Midi.

Retournons là-bas. La céréale a grandi : aucune chance d’y retrouver nos oiseaux. Concentrons-nous donc sur cette bande restée en maigre prairie.

Prudents, à la longue-vue, examinons chaque brin d’herbe jaune. Celui qui a un œil… c’est l’oedicnème. On n’en verra pas plus. #zzz

Un des oiseaux est sans doute en train de couver, tapi et l’œil mi-clos. L’autre hésite entre somnoler et surveiller les alentours.

Comme le soir tombe, patientons. Notre oiseau s’étire, se toilette. Et voici maintenant pourquoi on le dit « criard ».

Un cri, rauque et flûté, est monté d’une autre parcelle, là-bas. De la nôtre, le couple a répondu. « Queuu-ruî, queu-ruî ».

Ce cri et la silhouette explique que notre échassier des steppes soit parfois surnommé « courlis de terre ».

Il est vaguement cousin du Courlis cendré (le « vrai ») célèbre pour son long bec recourbé, et qui, lui, aime les milieux humides.

Criard, donc. Il aime maintenir le contact avec ses congénères. Les couples nichent chacun de leur côté, mais se retrouvent « au restau ».

Le restau, ce sont les parcelles les plus riches en invertébrés. Les Oedicnèmes s’y rendent à la nuit tombée, quand leurs proies s’activent.

Ils peuvent s’y retrouver en bande et jacassent dans la nuit. #ohbonsoirmâmeMichu #etvosoeufsçavaty

Le jour, les oiseaux couvent et somnolent, accablés par la chaleur, invisibles au ras du sol. Parfois, on surprend la relève du couveur.

L’oiseau s’approche, un petit mouvement. Le couveur s’écarte du nid, en restant invisible, presque à ramper. Ils se croisent. #lemotdepasse?

Si d’aventure un prédateur a vu la scène, il n’aura pas pu repérer le nid. A moins d’être très doué en trigonométrie, ou très patient.

Quant à tomber dessus… le nid, c’est un creux de cailloux où reposent 4 cailloux pareils à tous les cailloux, sauf à marcher dessus. #crac

Parfois, trop souvent même, c’est un engin agricole qui fait crac. Les oedicnèmes recommencent tout. Jusqu’à trois tentatives.

Un mois a passé. Les cailloux se fendillent et donnent naissance à quatre cailloux gris, duveteux, avec des pattes. #etunoeil

Parfois on découvre dans un tournesol l’une de ces petites boules qui a déjà les gros globes oculaires de ses parents. Laissons-l’y.

Les parents reviendront. L’oedicnème est nidifuge : à peine né, le poussin sait les suivre vers la zone de gagnage. C’est-à-dire le restau.

Pendant un mois de stage survie, les jeunes vont apprendre à chasser les insectes, se tapir, surveiller les alentours.

Fin juillet. L’oedicnème redevient très grégaire. Il forme des groupes de plus en plus importants, mêlant nicheurs locaux et migrateurs.

Ces « rassemblements postnuptiaux » occupent chaque année les mêmes parcelles, à moins évidemment qu’elles ne soient détruites.

Tant qu’elles restent suffisamment dégagées et tranquilles, on y retrouve, chaque année, un groupe qui se réunit pour sa sieste diurne.

Vers la mi-octobre, les petits groupes ont fini par se fondre en quelques grands troupeaux qui peuvent compter 200 ou 300 oiseaux.

Les sites occupés par ces groupes sont bien connus. On peut compter les oiseaux et suivre l’évolution des populations.

Mais on ne sait jamais exactement d’où viennent tous ces oiseaux. Il y a les régionaux de l’étape et d’autres venus de plus au nord.

A partir de fin octobre, sur la plupart du territoire français, les effectifs baissent. Les oiseaux partent vers le sud.

Certains semblent partir à date à peu près fixe, d’autres attendre que la météo se dégrade. Exceptionnellement, une poignée hivernera.

En tout cas, à peine trois mois plus tard, le champ accueille de nouveau les premières boules brunes. #pasoublierl’œil

L’oedicnème est fidèle à son site. Souvent, il cherche à nicher là où il est né. Se disant qu’après tout, si lui a pu grandir en paix…

Cette fidélité facilite les comptages par les ornithologues qui se chargent de veiller sur lui. Car l’oedicnème est protégé, et menacé.

Les plages de galets le long des fleuves ? Bétonnées. Les landes ? Mises en culture. Les prairies rases ? Bâties, bétonnées, goudronnées.

Les champs ? Le tracteur y passe bien trop souvent avec son épandeur à poisons. Ecrasant les œufs et liquidant les proies.

L’oedicnème se replie où il peut. Sur de vieilles friches, sur les chantiers aussi, ou les gravières, au grand dam des industriels.

Les protecteurs de la nature cherchent à lui conserver une place. L’oedicnème, c’est un peu le vieux paysan qui s’accroche à sa terre.

Il est resté des millénaires aux côtés de l’homme quand celui-ci cultivait la terre sans la brusquer. Il a retiré les limaces de nos champs.

Notre monde paysan est expulsé, démantelé, par l’agro-industrie, l’urbanisation folle, les « grands équipements ». L’oedicnème aussi.

L’oedicnème est en danger. Sur la directive européenne Oiseaux, il figure à l’annexe 1, la page rouge, en somme.

Face à la culture de mort qui balaie toute Création, il n’a aucune chance. Si nous choisissons la vie, nous verrons encore son œil.

Mais si nos champs, même « rentables », meurent au point d’être vides d’oedicnèmes, c’est que pour nous aussi, la page rouge approche.

En attendant, c’est le meilleur moment pour aller les voir. Il vous suffit de contacter votre association naturaliste locale.

S’il y a des oedicnèmes dans votre région, vous pourrez sûrement apprendre où aller les voir, et pourquoi pas aider à les compter.

Voici un lien qui vous donnera pas mal d’informations, dont sa répartition (onglets Carte).
L’Oedicnème criard sur atlas-ornitho.fr

Merci d’avoir suivi ce #tweetoizo et pas de cauchemars avec cet œil !

Tweetoizo n°1 : le Martinet noir

Retrouvez aussi le premier Tweetoizo posté sur @Taigasangare consacré au Martinet noir !
Pour ceux qui n’auraient pas eu l’occasion de le lire, le Tweetoizo est tout simplement une Tweetstory où, au lieu de raconter une histoire, on décrit une espèce, tweet après tweet.

Allons donc découvrir le Martinet noir qui en ce moment fait ses dernières cabrioles de l’année dans le ciel de nos villes…

Ce soir, on va parler du petit arc noir qui écume le ciel de nos villes en poussant des Sriiiiiii ! Sriii ! stridents.
Non, pas l’hirondelle. #évidemmentyavaitunpiège

En fait, il s’appelle le Martinet noir.
Ils se ressemblent, c’est vrai. Mais ils ne sont même pas cousins. Simplement, ils sont adaptés à la même existence.

Ils chassent les insectes en plein ciel. Après, il y a les amateurs, et les professionnels.

Les hirondelles sont des Passériformes (passereaux), comme plus de la moitié des oiseaux actuels. Elles peuvent se percher, marcher.
Le Martinet noir, c’est ordre des Apodiformes, famille des Apodidés, et en latin, c’est Apus apus. #confiture

Ce qui veut dire non pas « plein de tiques » mais « sans pattes ». En fait, il en a, mais c’est tout comme. Il ne peut que ramper.
Tout, chez lui, est conçu pour le vol. C’est lui, le professionnel. Plus grand, plus puissant, plus robuste que l’hirondelle.

A force de les voir d’en bas, on les croit petits .Un Martinet noir âgé, c’est 50 cm d’envergure. Prenez une règle et voyez.
Ses orbites sont carénées, son bec s’ouvre en large gueule à engloutir les insectes, en croisant à 50-70 à l’heure.

Ce qui ne l’empêche pas d’avoir le temps de distinguer les guêpes, des insectes comestibles qui leur ressemblent (les syrphes). #slurp
En contrepartie, ses pattes ne le soutiennent pas. Elles lui servent surtout à s’agripper aux parois. Il ne se perche jamais.

Alors il vole. Jour et nuit. Oui, j’ai bien dit nuit. Le soir, il prend une poche d’air chaud ascendante et va y dormir en vol.
Il se nourrit en vol, boit en rase-flotte, dort en vol. Entre la fin de la saison des nids et le début de la suivante, il ne se pose PAS.

Il quadrille l’Afrique subsaharienne pendant neuf mois. Et dans le courant d’avril, le voilà qui débarque chez nous. #sriii
Les premières arrivées sont très échelonnées. Il doit faire assez beau et chaud pour qu’il trouve des insectes volants à bouffer.

C’est le moment où il faut retrouver son territoire et surtout un endroit où nicher. #pasdamidanslimmobilier
Il faut trouver un trou dans une façade (une falaise comme une autre) qui donne accès à une petite cavité. #studioàlouerpascher

Un trou dans un avant-toit forme un site de nidification très classique. Hop, on rentre, on jauge, et maintenant on défend son bien.

Pour défendre son territoire, et le vanter aux demoiselles des environs, un oiseau normal se perche et chante. #etlàcestpasgagné
Le Martinet ne peut pas se percher. Juste voler. Alors il vole. Il tourbillonne sans fin autour de son territoire, en criant.

Comme les Martinets forment des colonies dans les immeubles du voisinage, ils volent ensemble, se poursuivent.
Ça donne ces grandes poursuites stridentes en bande sans lesquelles les ciels de nos villes au printemps seraient bien vides.

En pleine journée, on les voit moins. Ils partent chasser les insectes à la campagne. #mangerbiocestbonpourlasanté
Et le soir, re-poursuites #mangerbouger.fr et puis toute la bande monte, monte, monte… et file dormir en plein ciel, donc.

Nous voilà mi-mai. Le Martinet tricote un vague nid de fétus pris en vol avec sa salive et pond 2 ou 3 œufs.
Il les couve une vingtaine de jours. C’est le seul truc qu’il fait à peu près comme tout le monde. Mais avant, j’ai oublié.

L’accouplement. Et bien, il a lieu en vol, bien entendu. On est Martinet ou on ne l’est pas. #commentilfait
Pas compliqué. Les deux oiseaux se rapprochent, se posent l’un sur l’autre… et voilà. Ils perdent un peu d’altitude, c’est tout.
Bon, le plus souvent, ils font quand même « ça » à l’abri des regards dans la cavité du nid. Mais l’accouplement en vol n’est pas rare.

20 jours d’incubation. 40 jours de nourrissage des jeunes. Ça, c’est si tout va bien. #météofranceavecjoelcollado
S’il pleut, s’il fait froid, c’est la catastrophe. Plus de proies. Les adultes partent au diable vauvert se nourrir. Et les nichées ?
Les poussins ont un dispositif SOS, une sorte de vie ralentie pour tenir quelques jours. Sinon, c’est la mort.

20 jours + 40 jours. Nous voilà quasi mi- juillet. Les premiers jeunes vont s’envoler. Pas facile. #jevoudraisvousyvoir
Les parents cessent de les nourrir. Brutal, mais efficace. Les jeunes, affamés, cherchent la sortie et s’y jettent. #adieumondecruel

Et là, miracle : en battant des ailes, on ne tombe pas. Les voilà partis pour un petit vol d’essai. Qui va durer dans les… deux ans.
Ben oui. Puisque le Martinet ne se pose qu’au nid, et qu’il n’est apte à se reproduire qu’à deux ans, en attendant… il vole. #putaindeuxans

Parfois, lors du grand départ, il se rate. Vlaf, par terre. Sa seule chance est que quelqu’un le trouve et le relance dans le ciel.
Un adulte sait repartir seul. Un jeune, non. Cherchez un espace dégagé (50 m) et propulsez-le vers l’avant et le haut.

ça marche. Je l’ai fait, le jeune a réussi à se lancer. Notez bien le truc car vous en trouverez peut-être dans la rue, de ces jeunes.

Les jeunes volent autour des adultes et de la colonie, la repèrent, observent l’emplacement des trous utilisés. #formationprofessionnelle
L’été prochain, ils feront la même chose : formation et repérage. En cas de pluie, évidemment, ils seront les premiers à décarrer.

Et si la saison est terrible et les morts nombreux, eux, qui auront filé à temps vers les réservoirs de proies, auront survécu.
Ils reviendront l’an prochain. Et lentement, ils refonderont et reconstitueront la colonie.

A condition qu’ils trouvent encore des trous qui n’ont pas été bouchés. Des immeubles pas remplacés par un cube de verre.
A condition aussi qu’ils trouvent encore des insectes à chasser. Qu’ils n’aient pas tous été liquidés par nos pesticides.

C’est ainsi : martinets, hirondelles etc… sont des insecticides gratuits, naturels, non toxiques et performants.
Mais nous préférons tuer leurs proies nous-mêmes, les tuer avec, et bien d’autres, et nous empoisonner nous-mêmes aussi. #wtf

Quant aux cavités, déjà, si on ne rénovait pas les façades pendant les cent jours de présence du Martinet, on respecterait la loi.
Car les Martinets sont des espèces protégées, les hirondelles aussi. On ne peut détruire ni les adultes ni les nids.

Il existe des nichoirs, à placer à 5m de haut, minimum. Il y a même des modèles à incorporer dans les façades des immeubles neufs.
En Suisse et en Allemagne, c’est désormais quelque chose de classique. En France, on continue à le prendre à la rigolade.

Enfin, pour être juste, disons que ça évolue, mais très lentement. Trop lentement.
Mais avec un peu de chance, et votre aide aussi, la #LPO parviendra à faire prendre en compte la biodiversité dans la norme #HQE.

Nous sommes fin juillet. Les Martinets ne sont chez nous que cent jours. Ils vont repartir très bientôt.

Le ciel va redevenir vide et silencieux. Ce sera un grand pas vers l’automne, mine de rien. #mélancolique

Mais pour le printemps prochain, vous savez ce qu’il vous reste à faire: guetter les premiers… pourquoi pas les accueillir !

C’est fini pour ce premier #tweetoizo … Pour en savoir plus, vous pouvez notamment consulter les deux numéros de La Hulotte (n°78 et 79) qui vous apprendront encore bien des secrets sur cette espèce si commune et si incroyable, mais aussi comment lui construire et poser un nichoir, etc.
Et aussi vous inscrire sur le site Biolovision de l’association de protection de la nature de votre coin – il y en a presque partout maintenant – vous le trouverez en cherchant « Biolovision » + « Votre département ou région » pour saisir vos observations des derniers Martinets de la saison, consulter les bestioles qui ont été vues autour de chez vous, et bien plus encore !

Ah, oui ! Hier, on me demandait: comment le reconnaître ? Et bien, malheureusement, je n’ai pas de photo à moi: ces fichues sales bêtes volent beaucoup trop vite pour mes talents de photographe. Mais vous présentera tout ce qu’il faut. Remarquez cependant que la gorge pâle n’apparaît guère sur le terrain, sauf à voir l’oiseau de très près. Enfin, comment le distinguer des Hirondelles ? Et bien, déjà, puisqu’il niche dans un trou, il ne fait pas de nid visible, ni d’ailleurs de saletés sur les murs. Les Hirondelles construisent toujours un balconnet d’argile. Enfin, les plus répandues d’entre elles ont le ventre blanc ! (Mais, dans les Alpes, à Lyon, à Saint-Etienne on a aussi le Martinet à ventre blanc… Et il y a des Hirondelles toutes grises… Un bon petit guide et c’est parti ! Bonne découverte !)