Ce week-end, le Muséum national d’histoire naturelle vous propose de compter les oiseaux dans votre jardin. Ou, si vous n’en avez pas, le square ou le parc public le plus proche. Tout est expliqué ici : www.oiseauxdesjardins.fr
C’est de la science participative, et c’est vraiment à la portée de tous. Et même que les Anglais le font en même temps que nous ! C’est dire si c’est du sérieux.
Mais, me direz-vous, à quoi ça sert ? Est-ce qu’on n’a pas plus important à faire ?
Et bien non ! Ce week-end, vous ne trouverez rien de mieux à faire que de compter les oiseaux. Voici pourquoi.
1.Pour penser à autre chose
Depuis ce funeste 7 janvier, nous avons tous l’impression d’avoir changé de monde. Tâchez de vous remémorer les jours précédents : ils vous apparaîtront soudain paisibles et insouciants. Pourtant, ils ne l’étaient pas davantage. C’est le même temps, le même monde, qui nous a un peu plus sauté à la figure, hélas. Il est devenu presque indécent de parler d’autre chose, de traiter d’autres problèmes… Et pourtant ! Ce n’est pas en portant perpétuellement le deuil, symbolisé par ces panonceaux noirs au slogan blafard, que nous en sortirons. Il faut déjà que la vie continue. Alors, un peu d’émerveillement ! Compter les oiseaux autour de nous, c’est prendre le temps d’admirer leur beauté, leur diversité, leur lutte quotidienne pour la vie, de découvrir un monde qui, souvent, nous échappe.
2.Pour apprendre à les reconnaître
« Mais », me direz-vous, « je ne sais pas les reconnaître, moi, vos bestiaux, et puis y’a que des pigeons et des corbeaux chez moi ! » Et bien justement : c’est l’occasion d’apprendre et de découvrir qu’il y a beaucoup plus que ça ! Sur le site Oiseaux des jardins, vous trouverez toute une documentation très simple et accessible, avec des planches pour identifier sans peine les oiseaux des jardins les plus courants, ceux qui sont l’enjeu central de ce comptage. Si votre région ou département est couvert par un site Visionature – vous le saurez en cliquant sur cette carte – vous pourrez saisir directement vos données en cliquant sur des vignettes représentant les oiseaux. Alors : vraiment, il n’y a même pas un Rougegorge ? Une Mésange charbonnière ? Des Verdiers à la mangeoire ? Un Merle noir dans la haie ? Vous voyez !
3.Pour faire de la science
L’observatoire des oiseaux des jardins, c’est du sérieux. Pour preuve, il y a le Muséum derrière. Des milliers de participants, des centaines de milliers d’oiseaux comptés : en jargon scientifique, ça s’appelle un échantillon représentatif. Nos instituts de sondage ne s’embarrassent pas toujours d’autant de rigueur. « Les oiseaux, ça vole » ? Oui certes, notamment l’hiver. L’hiver, pour un oiseau, est un simple et crucial problème de combustible : il doit trouver à se nourrir pour alimenter sa chaudière interne. Dans ce cas, bien protégé par son édredon de plumes, il ne craindra guère le froid. Mais que les calories manquent, et c’est l’épuisement, le refroidissement et la mort. De là, nécessité de se déplacer à la recherche de graines, de fruits, de bourgeons, d’une araignée tapie dans une fissure. Souvent, les oiseaux se rassemblent en bandes petites ou grandes pour mieux exploiter le territoire… et votre jardin en sera un jour rempli, le lendemain vide. Il n’empêche ! Des milliers de participants au comptage, cela donne une photo représentative du nombre d’oiseaux qui nous entourent au quotidien. L’idée est de toute façon moins d’obtenir un chiffre qu’un indicateur qui sera comparé d’année en année.
4.Pour faire de l’écologie
Nous sommes d’accord : compter les oiseaux dans les jardins, c’est facile, c’est distrayant, et c’est scientifique. Mais à quoi bon ? Et bien ! vous avez peut-être vu passer ces derniers mois deux informations en apparence contradictoires : en Europe, voire dans le monde, les animaux menacés se portent un peu mieux… mais l’Europe a perdu 400 millions d’oiseaux en 30 ans.
C’est que pour les premières, les efforts acharnés des protecteurs de la biodiversité portent quelques fruits… mais pendant ce temps, les écosystèmes continuent à se dégrader à l’échelle de continents entiers, dépassant les maigres forces de ces médecins de la Nature. Et les espèces communes disparaissent en masse. Ce comptage vous propose de tâcher d’y remédier ! Car on ne protège bien que ce que l’on connaît. Mieux cerner les espèces qui régressent et celles qui se maintiennent, c’est mieux comprendre comment et en quoi la Nature ordinaire se dégrade. Est-ce disparition des arbres, des haies, des insectes ? Est-ce manque de graminées, de baies sauvages ? Selon que les oiseaux les plus touchés sont des granivores ou des insectivores, des forestiers ou des oiseaux des champs, nous aurons la réponse à ces questions et il sera possible d’y remédier… pour éviter un effondrement massif, qui nous mettrait en danger nous-mêmes.
5.Pour agir en chrétien !
Savoir découvrir la trace, la « main », du Créateur dans sa Création… Savoir se rendre disponible à la beauté gratuite du vivant, à sa diversité, son ingéniosité, cette pulsion de vie qu’on appelle Création continuée… Savoir prendre soin de plus fragile que soi, non seulement pour nous-mêmes, mais pour ceux qui nous entourent, et aussi ceux qui nous suivront et voudront aussi s’en émerveiller : pas de doute, il y a de la Louange et de la recherche de bien commun là-dessous. Compter les oiseaux des jardins le 24-25 janvier, c’est de l’écologie scientifique, environnementale, humaine, chrétienne, intégrale, quoi !
Alors, à vos jumelles !